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Gouvernance des données : quelle stratégie adopter face au DPP ?

 

Depuis plus de dix ans, les entreprises aspirent à devenir data-driven, mais peu ont encore exploité pleinement le potentiel de leurs données. L’arrivée du Passeport Numérique du Produit (DPP), identifiant unique contenant toutes les données réglementaires, techniques et environnementales d’un produit tout au long de son cycle de vie, ouvre une nouvelle dynamique : celle d’une data de qualité, partagée et valorisée, au service d’une performance plus responsable.  

Loin d’être une contrainte, cette réglementation européenne est une opportunité pour aligner durabilité, transparence et innovation. À condition d’adopter une gouvernance adaptée, selon la maturité des équipes, la vision de la direction et les cas d’usage prioritaires. 

 

Piloter la conformité sans alourdir les opérations. 

Le DPP introduit des exigences strictes en matière de traçabilité et de transparence. Elle impose aux entreprises de fournir des informations détaillées sur leurs produits, garantissant ainsi leur traçabilité et leur durabilité.  

Pour reste conforme, il est possible de mettre en place :  

  • Des règles de qualité (complétude, cohérence, actualisation), 
  • Des contrôles dans les processus existants, 
  • Des échanges standardisés avec les fournisseurs. 

Dans l’industrie, la plupart des données sur le produit existent déjà, éparpillés dans différents départements et systèmes informatiques. Le DPP incite à centraliser et à structurer leur gestion. Il engage les métiers dans une démarche de fiabilisation. Mais pour créer de la valeur, il faut dépasser la simple conformité et intégrer les enjeux métiers dans la gouvernance. 

 

Répondre à des irritants concrets du quotidien.

Le DPP peut devenir un levier d’amélioration opérationnelle s’il s’attaque aux irritants concrets du quotidien :  

  • Fluidifier la transmission d’informations,
  • Éviter les doublons dans les outils, 
  • Réduire le temps passé à chercher ou vérifier une donnée. 

Des solutions simples suffisent parfois : automatisation ciblée, collecte rationalisée, tableaux de bord légers. L’investissement est limité, mais l’impact est concret. 

Dans ce contexte, la Value Stream Mapping (VSM) appliquée aux données produit permet de visualiser les flux d’information, d’identifier les pertes, les redondances et les points critiques pour la conformité. Elle guide les priorités d’action et structure progressivement une gouvernance partagée.  

Ces améliorations locales posent les bases d’une dynamique plus large : une fois les irritants du quotidien adressés, les organisations peuvent aller plus loin et exploiter les données du DPP pour développer de nouveaux services, renforcer leur positionnement durable ou enrichir leur offre client. 

 

Créer de la valeur avec les données environnementales.

Une fois les irritants levés, il devient possible d’exploiter le DPP comme levier d’innovation et de différenciation. Il alimente des initiatives environnementales et des services à forte valeur ajoutée : 

  • Moteurs de recommandation de produits durables,
  • Construction de tableaux de bord RSE, 
  • Alimentation des offres de reprise, réparation ou circularité. 

Ces cas d’usage nécessitent de croiser les données DPP avec d’autres sources internes : CRM, données d’usage, retours client. La cohérence de la donnée devient alors un enjeu stratégique. 

Le DPP peut aussi améliorer les bilans carbone. Grâce à la traçabilité des composants, procédés et flux logistiques, on affine les calculs d’empreinte, identifie des leviers d’éco-conception ou développe des offres basées sur des données certifiées. 

Aligner les acteurs autour d’un référentiel commun.

À mesure que les usages se développent, un enjeu clé émerge : garantir que chacun travaille avec une information fiable, cohérente et comprise. Car les données produit traversent des métiers aux objectifs et aux langages différents (R&D, qualité, production, achats, marketing…). Or, ces équipes ne parlent pas toujours le même langage ni ne poursuivent les mêmes objectifs.  

Dans ce contexte, la gouvernance data joue un rôle central. Elle permet de structurer les responsabilités (qui crée, qui valide, qui consomme les données), de définir les règles communes (formats, seuils de qualité, fréquence de mise à jour), et surtout de créer un espace de dialogue entre les parties prenantes. Une bonne gouvernance, ce n’est pas imposer une norme rigide, c’est concevoir un cadre lisible, partagé et utile à tous. Cela peut passer par : 

  • Un référentiel unique, avec des vues adaptées aux différents métiers,
  • Des comités data pour arbitrer les priorités, 
  • Le déploiement d’outils collaboratifs, pour suivre la qualité et la traçabilité des données. 

 

Intégrer le DPP dans les décisions stratégiques.

Une fois ces fondations posées, le DPP devient un levier stratégique. Dans les organisations les plus matures, le DPP devient un outil structurant pour guider les choix industriels, commerciaux et RSE : 

  • Les indicateurs de durabilité sont intégrés aux roadmaps produit, 
  • Les critères environnementaux dans le choix des fournisseurs, 
  • Des simulations d’impact sont menées en amont des projets d’investissement.

 

La gouvernance data prend une nouvelle dimension. Elle ne vise plus seulement la fiabilité des données, mais leur disponibilité, leur interprétabilité et leur intégration dans les outils de décision.  Concrètement, cela suppose : 

  • Une architecture data solide, capable d’agréger les données DPP avec les référentiels internes, 
  • Des règles de gestion claires pour fiabiliser les nouveaux indicateurs stratégiques (empreinte carbone, réparabilité…),  
  • Une collaboration transverse entre les départements, 
  • Une appropriation par les dirigeants, qui doivent considérer la donnée DPP comme un actif stratégique. 

C’est à ce stade que la donnée DPP révèle tout son potentiel : non seulement pour répondre aux exigences externes, mais pour façonner une industrie plus résiliente, plus transparente et plus durable. 

 

 

Chez Cenisis, nous sommes convaincus que le Passeport Numérique du Produit (DPP) ne se limite pas à une nouvelle contrainte réglementaire : il représente un catalyseur de transformation pour les entreprises prêtes à faire de leurs données un levier de performance durable. De la conformité à l’innovation, en passant par l’amélioration des processus et la cohérence des référentiels, le DPP ouvre la voie à une gouvernance des données plus stratégique, plus transversale, et plus créatrice de valeur. Encore faut-il que les organisations s’emparent de cet enjeu avec méthode, ambition… et vision partagée.   

Car dans un monde où la transparence devient norme, seule une donnée fiable, maîtrisée et utile permettra de conjuguer exigence réglementaire et excellence opérationnelle. Pour cela, découvrez comment auditer et cadrer votre stratégie grâce à notre approche.

Le DPP n’est pas un point d’arrivée, mais un point de départ. Parlons-en.